Mr Popples

Mars et «moi» des fous.

Voici la suite du texte « Névrose »

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Mr Popples.
Mr Popples venait de sortir du cabinet du Docteur Auguste Schnorchel, psychanalyste, qui avait eu une dure semaine.
Et cette première séance avec ce nouveau client fut pour lui quelque part « reposante » .  Pas encore de catharsis à gérer !

Pour que les blocages se dénouent, le patient qui ne vient au départ que pour des symptômes (mal-être incompréhensible, souffrance intérieure, troubles obsessionnels compulsifs), ne voit pas les murs de la prison dans laquelle il s’est enfermé lui-même, jadis.

Le travail du médecin sera alors de lui faire recouvrer la vue. L’amener à sentir à tâtons ces murs, mettre des mots sur ces résistances, dévoiler ce qu’elles cachent, trouver l’issue par lui-même par des prises de conscience successives.

Le thérapeute resta assis un long moment, pensif.
Il se remémora les propos tenus par son client : «un rêve» dont l’action se déroule dans « un film en noir et blanc » .
« Dans le lointain passé… hum, hum ». Une phrase prononcée à voix haute par le médecin, comme pour mieux réfléchir .
Puis il enchaîna toujours distinctement : « D’après Mr Popples, l’homme qu’il voit dans ce rêve, chapeau haut de forme long manteau, barbe, est Freud. Il me représente donc, d’après lui » . Toutes ses paroles résonnaient dans la pièce.

Puis, il continua sa réflexion intérieurement.
À noter, la barbe est un symbole paternel également, un des grands archétypes communs comme Dieu ou le soleil .

Un vieux film, muet de surcroît… il se pourrait que tout ce rêve soit lié à un secret tu ! Ou à un refus de parler correspondant à un rejet de la cure, idem pour le fait de m’attribuer cette demande du premier intertitre, rejet qui serait normal et est de toute manière tôt ou tard, inévitable .

Auguste Schnorchel reprit ses notes en main pour relire plus particulièrement cet intertitre : « Monsieur Popples a des yeux de framboises et se demande connaissance et contoise »…

Puis il se mit à écrire frénétiquement sur son bloc-note.

Le patient que nous nommerons « Monsieur P » l’explique ainsi : « J’adorais traîner dans les bois et manger des framboises sauvages, quand j’étais chez mes grands-parents. J’y ai passé toutes mes grandes vacances jusqu’à mon adolescence.
Et maintenant que je m’en souviens, ils habitaient la ville de Conte dans le Jura… Ma grand-mère était donc Contoise ! » .
Il y a là fort probablement, le repère temporel d’un refoulement passé, songea le praticien.
À quoi correspond-il ? Renvoie-t-il à un autre instant similaire ? Est-il un déplacement, un mélange de souvenirs qui pourraient en cacher un ou plusieurs autres ?
Sur l’intertitre suivant était inscrit : « Je vous prie de rester courtois, voyons ! ».
D’après Mr P, c’était sa réponse à ma demande. Comme si je l’offensais ? …

Tout est connecté, reste à savoir comment. Seul Mr Popples le sait et finira par le dire, pensa le Docteur.

À ce même instant, Mr Popples arrivait à son domicile. Il semblait nerveux et ne cessait d’observer les alentours.
Il rentra un code sur un boîtier d’alarme. Il prit son trousseau de clefs, puis ouvrit un, puis deux, puis trois verrous. Et il jeta un dernier coup d’œil derrière lui, avant de se glisser furtivement à l’intérieur par l’entrebâillement de la porte blindée maintenant ouverte.
Une fois rentré dans son fort Knox, il refit les mêmes opérations dans l’ordre inverse, excepté pour l’alarme.

Puis il fut soudainement pris d’une crise d’hilarité à en pleurer !
Les spasmes de rires par vagues successives, s’estompèrent progressivement, laissant place à des courbatures abdominales. Il essuya ses larmes d’un revers de manche, renifla d’un coup sec et lâcha dans un profond soupir : « Oh là là ! » comme s’il regrettait déjà cette émotion qui lui avait échappée.

Puis, ayant repris son calme, il accomplit ses rituels quotidiens, réglé comme du papier à musique : remettre à l’heure exacte sa vieille horloge comtoise qui perd systématiquement cinq minutes en vingt-quatre heures, et sortir son souper du congélateur coffre.

Il prit une clé cachée dans un interstice, à droite du cadran de la centenaire.
Avec, il alla ouvrir un gros cadenas qui condamne l’ouverture de l’imposant appareil frigorifique.

Il farfouilla à l’intérieur des viscères du monstre pour en extraire son repas, mais quelque chose l’en empêchait !

« Étrange que cela coince ! », dit-il.
Tout avait été effectivement calibré, découpé et conditionné
dans du plastique haute résistance puis soigneusement rangé !
Il en sortit deux ou trois trucs qu’il aligna sur la table de la cuisine… une
jambe, un bras, une tête avec un sac collé sur le visage !
« Ah voilà le coupable », lâcha-t-il !
« C’est ce foutu sachet de framboises surgelées qui s’est collé ! Sûrement à cause de l’humidité due à la condensation », marmonna-t-il.
« Il faudra vraiment que je change ce joint défectueux ! »
Il eut une idée… Et si en attendant je me faisais un dessert à la framboise.
« Ce soir, festin ! », s’écria-t-il.

Il profita de cet incident pour en extraire un poulet pour son déjeuner du lendemain, en plus de son dîner du jour.

Puis Mr Popples remis un peu d’ordre dans ce bazar, rangea méticuleusement chaque membre à sa place, referma le couvercle et s’en alla tranquillement replacer la clé du mausolée dans la pendule.

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Glomérule Néphron.

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Mars, et « moi » des fous

Excellente idée que Gibulène a eue pour l’Agenda Ironique de Mars 2020 – Le mois des fous.
Le challenge : « Imaginez que vous êtes dans le moi d’un fou. Vous allez parler de ce que vous voyez, ressentez, imaginez, de l’intérieur de ce moi fou, en vous mettant à la place d’un de « ces êtres étranges et dérangeants » que sont les « fous ». Sauf que bien sûr, il y a une contrainte !
Il vous faudra insérer, là où vous voudrez, la phrase suivante :
« Monsieur Popples a des yeux de framboises et se demande connaissance et contoise ».
– Je vous prie de rester courtois, voyons ! »

Ce thème sur la folie et cette phrase à insérer m’ont inspiré.

Je suis hors compét puisque la date butoire est passée. Mais peu importe, je me suis bien amusé en créant cette histoire, composée de deux textes qui pourrait aussi bien n’en faire qu’un seul. Et si pour écrire cette aventure, je me suis tantôt mis dans la peau du psychanalyste, tantôt dans celle de Mr Popples, je me sens libéré d’en être sorti !

Névrose.

Un cabinet de psychanalyse, quelque part en Angleterre …

– Bonjour docteur Schnorchel.
– Bonjour Mr Popples. Installez-vous sur le divan. Connaissez-vous le principe de la psychanalyse ?
– Oui, c’est une thérapie par la parole où il me suffit de vous dire tout ce qui me passe par la tête.
– Et d’associer des idées, de raconter vos rêves, si vous vous en souvenez.
– Tiens c’est marrant que vous m’en parliez
– Marrant ?
– Oui, c’est une drôle de coïncidence !
– Une coïncidence hum, hum…
– Cette nuit, j’ai fait un drôle de rêve.
– Hum, hum, un drôle de rêve ? Comme la coïncidence ?
– Vous voulez dire que ce rêve n’était pas une coïncidence et était en rapport direct avec notre premier rendez-vous ?
– Moi je ne dis rien, c’est vous qui venez de le dire !
– Ah oui ! Par les associations d’idées !
– Et ce rêve ?
– Heu, c’était vraiment bizarre.
– Oui, c’est-à dire ?
– C’était comme dans un film muet, en noir et blanc. Il y avait un grand monsieur barbu affublé d’un monocle, et d’un haut de forme. Il était vêtu d’un long manteau comme au XIXe siècle. Il semblait me dire quelque chose. Sur l’intertitre, vous savez dans les vieux films muets, le texte qui était écrit sur un carton entre deux scènes…
– Oui et qu’y avait-il d’inscrit sur « ce carton » ?
– Il y avait : « Monsieur Popples a des yeux de framboises et se demande connaissance et contoise ». Ca ne veut rien dire !
– Vous en êtes sûr ? Les framboises, vous font-elles penser à quelque chose en particulier ?
– Heu…(un ange passe, puis deux et enfin trois 😉 )
J’adorais traîner dans les bois et manger des framboises sauvages, quand j’étais chez mes grands-parents. J’y ai passé toutes mes grandes vacances jusqu’à mon adolescence.
Et maintenant que je m’en souviens, ils habitaient la ville de Conte dans le Jura… Ma grand-mère était donc Contoise !
– Et ces « yeux » de framboises ? Quelle signification ils auraient pour vous ?
– Les yeux… voir . Revoir ces instants de cueillette ? Mon enfance ?
– Hum, hum. Et « demande connaissance » cela vous évoque… ?
– Ben… C’est quelqu’ un qui veut savoir, qui veut comprendre, prendre connaissance.
– Et ce monsieur barbu du XIXe siècle en haut de forme ? Qui pourrait-il être ou symboliser pour vous ?
– Heu… Il me fait penser à Freud. C’est ainsi que je me le représente. Il pourrait être vous ! Vous êtes mon psychanalyste… Oui, c’est vous !
– Et donc si on l’on résume tout ce que vous venez de me dire …
– Et bien hier soir, j’ai rêvé que vous me demandiez de me souvenir de mon enfance pour comprendre… mes vacances, la cueillette des framboises… chez mes grands-parents qui habitaient à Conte.
– Et vous me répondiez quelque chose ?
– Je vous répondais sur l’intertitre suivant : «– Je vous prie de rester courtois, voyons ! »
– Comme si cette demande que je vous faisais était une offense, donc ?
– Oui, apparemment ! Répondit Mr Popples perplexe.
– Et que pensez-vous d’entamer une thérapie par la parole en évoquant votre rêve qui se déroule au beau milieu d’un film muet ?
Le patient interloqué en resta coi !
Et vous n’avez pas encore abordé les raisons de cette cure que vous souhaitez commencer.
Je vous laisse réfléchir, dit le médecin.
Nous nous revoyons vendredi à 15 h 00 ? Cela vous convient-il ?
– Oui, parfait docteur, bégaya Popples encore surpris.
Combien je vous dois ?
– La première séance est offerte. Les prochaines vous coûteront 80 £ivres.
Mr Popples se leva, songeur, serra la main du praticien et s’en alla.
– Non, s’écria le psychanalyste.
Le client fit un bond de côté.
Pas par cette porte, dit le Dr Schnorchel.
Il y en a une pour rentrer et l’ autre pour sortir, afin que les patients ne se croisent pas !
– Ah oui, je comprends! Pour la discrétion, j’ apprécie ! A vendredi docteur !
– A vendredi !

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Glomérule Néphron.

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